Utiliser les services d’autopartage, recourir au « cocktail transport», comment est-ce au quotidien ? Voici le témoignage d’un utilisateur, Vincent Dussault.
Une année d’autopartage électrique
Ça fait plusieurs années que je m’intéresse à l’arrivée des voitures électriques. Par contre, comme j’habite près du centre ville de Montréal, et que je me déplace autant en vélo qu’en transport en commun, je n’utilise pas ma voiture assez pour justifier l’achat d’une voiture neuve aussi équipée (et onéreuse) que les voitures électriques présentement disponibles. En fait, pour ceux qui habitent dans mon quartier et qui ont besoin d’une voiture, louer un stationnement privé coûte environ 150$ / mois au minimum. Comme les bornes publiques sont quasi inexistantes dans ces quartiers, il n’est donc pas évident pour un urbain de posséder une voiture électrique. C’est d’ailleurs un sujet qui a été traité dans quelques articles sur le blogue Roulez Electrique.
La décision
Comme je m’intéresse également à l’autopartage depuis longtemps (je suis membre de Communauto depuis environ 15 ans), l’annonce par Communauto de l’acquisition de véhicules électriques a été une très bonne nouvelle pour moi. Donc, même si je possédais un véhicule, cette nouvelle m’a donné le goût de réessayer l’autopartage. Comme mes deux enfants étaient assez âgés, ils n’avaient plus besoin de bancs d’appoint: le moment était donc parfait pour réessayer de vivre sans voiture. J’ai donc prêté ma voiture à un membre de ma famille qui venait d’arriver à Montréal ; je lui évitais ainsi d’avoir à acheter une voiture, tout en me permettant d’utiliser les voitures électriques de Communauto.
J’avais, par contre, quelques craintes avec l’hiver. Comme mon plus grand garçon joue au hockey, avoir à marcher 230 m pour me rendre au stationnement de Communauto le plus près quand il fait froid, plusieurs fois par semaines, ne me plaisait pas tellement. Mais comme ma mère passe ses hivers à l’extérieur du pays, elle a accepté de me prêter sa voiture (une hybride !) pendant son absence. C’est donc un cas d’autopartage parfait : des voitures partagées entre plusieurs membres d’une même famille complétées par l’offre d’autopartage commerciale de Communauto.
Bilan de la première année
J’ai été très satisfait de ma première année d’expérience sans voiture. Bien que les autos électriques de Communauto ne sont pas situées à proximité de mon domicile, grâce au système Bixi ou mon vélo, je peux me rendre facilement aux stationnements situés à un peu plus de 1 km de chez moi. Pour les courts trajets, je dois donc me rabattre sur les véhicules à essence situés à environ 230 m de chez moi.
Ce qui est intéressant à souligner lorsqu’on ne possède pas de voiture, c’est qu’on peut toujours utiliser la voiture la plus appropriée à nos besoins. Puisque je n’ai pas de paiement d’auto, je ne suis pas attaché à un modèle en particulier : je peux louer l’auto que je veux, quand je veux. Ainsi, j’ai utilisé la Nissan Leaf 100% électrique pour mes déplacements dans la grande région de Montréal. Je suis donc allé à Mirabel, à Oka et même à Trois-Rivières en Leaf. Pour mes déplacements à l’extérieur de la région, j’ai eu accès à la Chevrolet Volt qui est maintenant disponible chez un locateur Discount près de chez moi. Cette année d’autopartage m’a également permis de faire des essais prolongés de deux véhicules hybrides : la Prius C et la Ford CMAX.
Enfin, en plus de me donner accès aux véhicules électriques, l’autopartage me permet d’avoir accès à des véhicules munis d’équipements nettement supérieurs à ce que ma voiture possède. La Nissan Leaf possède tout l’équipement dernier cri : vitres et déverrouillage électriques, GPS, climatisation, Bluethooth, sièges et volant chauffants, régulateur de vitesse, caméra de recul, etc.
Des améliorations pour la deuxième année
Maintenant que j’entame ma deuxième année d’autopartage, je suis très enthousiasmé par les améliorations à mon « cocktail transport ». En seulement une année, je vais avoir accès à deux nouveaux modèles électriques et à un projet pilote d’autopartage en libre-service. En effet, Communauto a ajouté cinq voitures Ford Focus électriques à sa flotte, et Discount a fait l’acquisition de quelques Ford CMAX ENERGIE, une voiture qui peut parcourir environ 40 km en mode 100 % électrique. La Ford Focus électrique va me permettre de parcourir de plus grandes distances en mode 100 % électrique, grâce à son chargeur 6,6 kw/h qui recharge sa pile en seulement 4 heures. Il me sera donc possible de m’aventurer encore plus loin de Montréal cette année. Toujours en mode 100% électrique, je compte d’ailleurs visiter la région de Bromont, et possiblement me rendre jusqu’à Sherbrooke cette année.
Mais ce qui est le plus excitant cet été, c’est le projet pilote d’auto en libre service qui a été récemment annoncé par Communauto. Dès la mi-juin, il sera ainsi possible d’accéder à près d’une vingtaine de voitures Nissan Leaf sans réservation. Je pourrai louer ces voitures à l’aide de ma carte Opus (carte Rfid de la STM) et je pourrai, après mon utilisation, laisser la voiture presque n’importe où dans les limites de l’arrondissement Plateau Mont-Royal. Cette formule est très intéressante pour les autos électriques (voir mon texte à ce sujet).
Je devrais donc avoir accès beaucoup plus facilement aux voitures électriques cet été, et je pourrai me déplacer beaucoup plus facilement dans mon quartier… même si je n’ai pas d’auto.
Il y a donc des destinations, qui étaient plutôt compliquées à atteindre pour moi, qui seront maintenant plus accessibles grâce à ce système. Je pourrai utiliser ce système pour déposer mes enfants au camp de jour quand ils ont de lourds bagages (comme un sac de hockey), ou pour aller me baigner à la piscine Laurier, un endroit que je ne fréquente pas beaucoup, car il est difficile de s’y stationner. Le plus intéressant sera probablement la possibilité d’accéder au métro plus facilement lors de nos déplacements en famille. Je vais donc pouvoir utiliser davantage les transports en commun pour me déplacer en famille sur l’île.
Finalement, qu’est-ce qu’il me manque pour vendre ma voiture ?
Même si je suis très satisfait de mon expérience jusqu’à maintenant, si je ne suis pas encore prêt à me départir complètement d’une voiture particulière, c’est essentiellement compte tenu de la difficulté d’avoir accès à une auto pendant l’hiver. Je considère que d’avoir à marcher environ 250 m l’hiver pour accéder à une voiture, ce n’est pas très pratique. C’est pourquoi j’ai fait valoir à plusieurs intervenants l’importance de développer l’offre d’autopartage sur rue dans mon quartier. Ce dossier semble progresser car deux arrondissements, dont le Plateau Mont-Royal, ont annoncé une politique d’autopartage sur rue. Ainsi, les compagnies d’autopartage auront accès à quelques centaines de stationnements qui permettront de rapprocher les voitures des usagers. Lorsque cette condition sera remplie, je serai probablement prêt à faire le saut complet !
Après cela, le dernier irritant qu’il restera à régler sera l’accès à des voitures aux périodes de pointe. En effet, il est très difficile d’accéder à des voitures la fin de semaine, surtout lors des longs week-end et pendant la saison estivale. Selon moi, deux initiatives permettront d’améliorer la situation de ce côté : l’autopartage en libre service et le prêt entre personnes.
La ville de Montréal tiendra des consultations publiques à ce sujet lors du mois de juin, et Communauto devrait lancer un projet de prêt entre personnes d’ici quelques mois.
Il est donc permis de croire que ma vie sans voiture sera encore plus facile lorsque j’entamerai ma troisième année d’autopartage en 2014 !