Les paradis de l’injustice
Profitant des failles des règles fiscales internationales, un petit groupe de super-riches a pu placer dans des paradis fiscaux au moins 21 billions $, une somme supérieure aux PIB réunis des Etats-Unis et du Japon !
Commanditée par le groupe Tax Justice Network et réalisée par James Henry, l’étude dévoilée en primeur par The Observer a évalué de façon détaillée l’économie offshore.
On y apprend que des capitaux variant entre 21 et 30,3 billions $ auraient fui avec l’aide de banques privées vers des pays aux juridictions fiscales plus généreuses, comme la Suisse et les îles Cayman. Ces mouvements ont été facilités par la libéralisation des échanges et l’assouplissement des règles dans un contexte de globalisation de l’économie.
L’étude souligne entre autres que depuis le début des années 1990, 808 milliards $ auraient quitté la Russie (qui revenait, rappelons-le, à une économie de marché…) et, depuis le milieu des années 1970, 318 milliards $ auraient fui l’Arabie Saoudite et 316 milliards $ le Nigeria.
L’auteur révèle également que dans plusieurs pays en développement, les sommes transférées depuis 40 ans auraient suffi à payer leurs dettes internationales. Selon M. Henry, la dette est supportée par l’ensemble de la population, alors que ces richesses sont entre les mains d’une infime minorité de privilégiés, qui les investissent ailleurs afin de ne pas payer d’impôts. En supposant un taux de rendement annuel de 3% et un taux d’imposition de 30%, les 21 billions $ cachés au paradis rapporteraient annuellement 196 milliards $, soit plus que le total actuel de l’aide des pays riches aux pays pauvres.
La pauvreté n’est pas inexorable ; elle pourrait être abolie si, au lieu de laisser la richesse se concentrer, on s’efforçait de la répartir plus équitablement. Malheureusement, la tendance actuelle ne va pas en ce sens, un constat triste et, encore plus, révoltant.