Les vraies affaires
Dans la présente campagne électorale, un parti en a fait son slogan, mais tous se targuent d’en parler. L’économie, l’emploi, la santé, des thèmes qui reviennent à chaque élection. Bien sûr, on ressort aussi un classique : l’ombre, la promesse ou la menace d’un référendum. Et en prime cette année, une charte des valeurs dont on voulait faire un cheval de bataille, mais qui finalement semble plutôt tirer de la patte.
Malgré cette prétendue préoccupation des vraies affaires, on assiste en fait comme toujours à une pluie de promesses dans le but de gagner la faveur des électeurs. Au cours de cette parade nuptiale, les vraies « vraies affaires » semblent malheureusement occultées.
Par exemple, la commission sur les enjeux énergétiques du Québec, après avoir tenu ses audiences l’automne dernier et avoir reçu plus de 400 mémoires, a publié son rapport à peu près en même temps que le déclenchement des élections. Bien qu’il s’agisse d’un sujet de première importance, presque personne n’en a parlé. On trouvait pourtant dans ce rapport étoffé de nombreuses propositions intéressantes visant à réduire notre consommation de combustibles fossiles et nos émissions de gaz à effet de serre.
À l’échelle de la planète, les alarmes se succèdent pour nous avertir des dangers des changements climatiques, de la pollution de nos milieux de vie, de l’épuisement des ressources. Sur un horizon d’à peine quelques décennies, des bouleversements majeurs menacent nos sociétés, au point d’en compromettre la pérennité.
Ignorants ces questions pourtant cruciales, nos politiciens continuent à mener des campagnes d’un autre siècle, prodigues de promesses, faisant miroiter la prospérité pour tous. Chacun semble oublier que ce qui rendrait possible cette éventuelle prospérité est en train de disparaître, à un rythme si inquiétant qu’il devrait nous convaincre de nous engager en toute priorité à préserver la santé et la durabilité du monde dans lequel nous vivons.
Que les humains puissent se nourrir, disposer d’eau potable, d’un climat et d’un environnement sains, ne sont-ce pas là les vraies affaires ? Mais bon, il faut gagner les élections ; ne parlons que des choses dont les gens veulent entendre parler.