Note: Je publie ici cette lettre collective de nouvelles envoyée à de nombreux ami.e.s il y a quelques semaines. Elle porte essentiellement sur ma santé (physique et psychologique, après presque huit mois de «congé de santé ou de maladie» m’obligeant, à partir d’août 2018, de m’absenter complètement de mes tâches de la mairie.
C’est vrai de la météo comme de mon retour à la forme. Huit mois après mon départ de la mairie, d’abord pour un congé de maladie puis suite à ma démission, je me sens encore au cœur de la saison morte…
On dit de l’hiver que la nature hiberne, qu’elle se repose et refait ses forces. Les jours raccourcissent et on se recroqueville bien au chaud. En espérant le retour des beaux jours avec tous les espoirs qu’ils annoncent. Mais cette année, le printemps tarde à venir…
Quelque part vers 60 ans, j’ai décrété arbitrairement que j’étais dorénavant «à la retraite», même si je n’avais plus d’employeur depuis dix ans. Cinq ans plus tard, en mai 2013, j’ai pris conscience du besoin profond de passer «de la militance à la gratuité», d’apprendre à «vivre pour rien!». Et le départ pour la campagne, à Scotstown le 1er avril 2014, aurait pu faciliter ce passage… s’il ne s’était avéré un vrai poisson d’avril!
En effet, si la vie en région s’est révélée un grand bonheur, mes atavismes (faudrait-il parler de «mes vieux démons»?; en tout cas, de «ce naturel qu’on chasse et qui revient au galop»!) se sont vite manifestés : journal communautaire, paroisse, société de développement de Scotstown, lettres aux journaux et quatre manuscrits en moins de quatre ans! Pour ce qui est de «vivre pour rien!», on repassera…
Pourtant, l’équilibre se maintenait, tant bien que mal. Jusqu’à «ces 48 heures les plus improbables de ma vie» et la plongée dans la mairie, le 6 octobre 2017. Aventure imprévue, riche et intense à laquelle –ce n’était pas vraiment une surprise—je n’ai pas su résister : au bout de huit mois, mon corps donnait des signes de plus en plus clairs d’épuisement. Et même s’il devenait évident que je n’arriverais jamais à la fin de mon mandat, j’ai «lutté» contre moi-même pendant plusieurs mois avant de me résoudre enfin à baisser pavillon et à rendre les armes.
Quatre mois de «congé de maladie» n’ont pas suffi, loin de là, à refaire mes forces et à retrouver mes énergies. Au contraire, l’équilibre maintenu depuis mon arrivée à Scotstown a basculé et il me faut maintenant en refaire un nouveau, différent. Si bien qu’il ne sera plus possible de retrouver le statu quo ante. C’est pour cela qu’il me faut traverser un «hiver» plus long et difficile que prévu.
Je passe vite sur les divers problèmes médicaux qui accompagnent nos vies individuelles et de couple : nous avons chacun les nôtres, et le vieillissement n’améliore pas les choses. Disons que mes problèmes cardiaques (tachycardie) sont apparemment réglés depuis août dernier et que mon kyste de Bosniak au rein gauche demeurera en permanence sous étroite surveillance.
Par contre, mon manque flagrant d’énergie s’est aggravé depuis l’été 2018, au point que mes «nuits» ont spectaculairement grugé mes journées, occupant de plus en plus de temps (entre neuf heures et… seize heures : mon record!). Après avoir vérifié les indicateurs de santé habituels, nous avons enfin découvert que je faisais de l’apnée du sommeil sévère; si bien que mes nuits n’étaient pas du tout réparatrices. Je devrai donc dorénavant me servir d’un appareil respiratoire (le CPAP) toutes les nuits, ce qui devrait considérablement améliorer la situation.
Quant à l’hiver psychologique, il devra lui aussi fondre peu à peu comme la neige abondante de cette année. Hiver psychologique davantage «au ralenti» que véritablement sombre, et qui se superpose inévitablement avec les nouvelles étapes du vieillissement.
J’ai beau me croire encore jeune (nous avons tous cette illusion), mes amis fêtent de plus en plus leurs 75 ans, voire leurs 80 ans pour certains. Et je marche dans leurs pas…
C’est pourquoi, avec Céline, nous avons entrepris une série d’ateliers offerts par le CLSC intitulés «Agir sur sa santé» : alimentation, exercice, poids, motivation, vie sociale, etc. Et nous entreprenons mercredi douze semaines d’entraînement personnalisé en gymnase, ce qui devrait encadrer et stimuler notre remise en forme.
La «machine physique» étant en meilleure forme, il me sera plus facile, je l’espère, de trouver ce nouvel équilibre de vie qui correspond à la nouvelle étape qui s’ouvre. Une étape plus calme, moins occupée, plus sage… Oserai-je même croire plus bucolique, campagnarde, contemplative, poétique… Mais je n’en vendrai pas tout de suite la peau, si vous le voulez bien…
En tous cas, pour le moment, je continue de me considérer «en congé» de… ce que vous voulez! Maladie, santé, renaissance (après tout, c’est bientôt Pâques et la résurrection) ou sagesse…
Je vous porte dans mon cœur et ma prière, dans la solidarité humaine qui nous a uni.e.s au fil de nos vies. Et je vous aime…
Dominique
Scotstown, le 8 avril 2019
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Merci Dominique de ce texte encourageant. Je venais de temps en temps voir si tu donnais des nouvelles. Merci de partager et bon printemps, même si tu trouves qu’il tarde à venir.