Cher monsieur Trudeau,
Je suis malheureusement de plus en plus déçu des décisions prises par votre gouvernement qui contredisent les engagements pris durant la campagne électorale et qui déçoivent les espoirs que votre élection avait suscités.
Cela est vrai particulièrement dans trois domaines culturels: l’essor, l’indépendance et la compétence à la direction de Radio-Canada, qui vous inquiétaient beaucoup quand vous étiez dans l’opposition, n’ont été que bien partiellement rétablis. Et le prolongement du mandat de M. Hubert Lacroix est à cet égard particulièrement préoccupant.
La seconde grande déception est le traitement que votre gouvernement a choisi de donner aux géants des communications numériques: le refus de leur imposer les mêmes règles fiscales qui s’appliquent à l’ensemble des entreprises et des citoyens canadiens est particulièrement honteux! Et la «performance» de votre ministre québécoise du Patrimoine, Mélanie Joly, dans sa tentative pour expliquer ou justifier votre politique à l’égard de Netflix, était tout simplement pathétique.
Et finalement, l’incapacité de votre gouvernement à voir les besoins criants des médias canadiens, et en particulier les grands médias écrits, dans cette période où les plates-formes numériques accaparent la grande majorité des revenus publicitaires, menace sérieusement le droit à une information canadienne de qualité. Et le troisième budget de M. Morneau, déposé hier, ne fait rien pour nous rassurer.
Je n’espère guère de changement d’attitude de la part de votre gouvernement (malheureusement) et j’ai bien peur que nous n’avons d’autre choix, en 2019, que de le changer si nous voulons des politiques culturelles authentiquement et vigoureusement canadiennes, affranchies autant que faire se peut des influences et des monopoles croissants des géants internationaux du numérique.
Veuillez agréer, cher monsieur Trudeau, l’expression de ma profonde déception.
Dominique Boisvert