Les plus vieux auront reconnu l’allusion à l’émission culte Moi et l’autre, mettant en vedette Dominique Michel et Denise Filiatrault à la télé des années 60. Mais la ressemblance s’arrête là. Ma réflexion d’aujourd’hui nous amène bien loin des folles aventures de nos deux colocataires, de leur gérant d’immeuble M. Lavigueur et du concierge Gustave!
Moi ou l’autre? C’est une question qui se pose de plus en plus dans notre monde actuel centré sur l’individu et son épanouissement personnel. Alors que notre éducation religieuse avait longtemps mis l’accent sur l’importance de «penser d’abord aux autres», la psychologie contemporaine a plutôt revalorisé la croissance et le bonheur individuels. «Si tu ne penses pas à toi-même, qui donc le fera?» De là au «chacun pour soi», il n’y a qu’un pas, avec ses conséquences terribles.
Car la psychologie montre que chacun de nous pense le plus souvent à court terme. Plus la récompense est immédiate et plus les humains performent. Ils performent même beaucoup mieux que pour une récompense plus importante, mais qui viendra plus tard. Comme si nous ne voyions pas plus loin que le bout de notre nez!
Des changements climatiques au resto du village
Les avertissements sur les dangers des changements climatiques datent de 50 ans. Pendant longtemps, nous avons fait la sourde oreille, ou n’avons pas cru ces «prophètes de malheurs». Maintenant, nous sommes en plein dedans, avec chaque année des phénomènes climatiques anormaux et plus extrêmes. Trop tard pour les empêcher, mais encore temps pour en réduire l’impact catastrophique si nous acceptons des changements radicaux.
Moi ou l’autre? Mon intérêt à court terme (la climatisation en auto) ou l’intérêt à plus long terme de mes enfants et des populations des iles dont le territoire va être submergé par la montée des océans?
L’épicerie et le restaurant du village ont du mal à survivre, faute de clients assez nombreux ou de main d’œuvre en cuisine. Si je ne pense qu’à moi et à mes intérêts, il sera toujours plus économique et j’aurai toujours plus de choix si je vais faire mon marché ou manger «en ville». Mais si je pense aux autres, à notre communauté de Scotstown-Hampden, il serait tout simplement catastrophique de perdre notre épicerie ou notre resto. Même si ce sont des entreprises privées où nous n’avons aucun pouvoir de décision.
De la FADOQ au conseil municipal
Nous sommes contents que le Marché public connaisse du succès tous les vendredis après-midi de l’été, que la fête de la pêche revienne chaque mois de juin, que la FADOQ n’ait pas fermé ses portes, que plein de maisons se soient vendues en 2018 et que le conseil municipal s’occupe de faire réparer les routes et tondre le gazon public.
Moi ou l’autre? Chacun préférerait être en congé, s’occuper de sa propre maison ou préparer ses vacances. Mais heureusement qu’il y en a encore qui pensent aux autres, qui consacrent de leur temps pour le bien commun, pour organiser des loisirs, pour publier L’Événement ou pour faire essayer l’auto électrique aux citoyens intéressés. Qui font passer l’intérêt collectif avant leurs seuls intérêts personnels.
Il y en a encore. Trop peu nombreux pour tout ce qu’il y aurait à faire. Et il en manque toujours : chacun et chacune de vous peut faire sa petite part. Moi ou l’autre serait alors remplacé par moi et l’autre.
(Texte de ma chronique «Ce que j’en pense…» publiée dans le numéro de Septembre 2018 de L’Événement de Scotstown-Hampden)