J’ai déjà lu et entendu bien des choses sur l’environnement. Pourtant, j’avais l’intuition d’avoir beaucoup à apprendre au colloque du Réseau Culture et foi avec André Beauchamp, le 24 avril dernier. Et c’était vrai! Car le format du colloque permettait à ce prêtre spécialisé dans ce domaine de dépasser les « problèmes » environnementaux généralement traités dans des conférences pour présenter une véritable vision de l’être humain et de sa place dans une histoire de la Terre qui le dépasse infiniment.
Vu dans cette perspective large de l’espace et du temps, l’environnement n’est plus une question de « gaz à effet de serre », de pollution ou de réchauffement climatique. Il devient la matrice dans laquelle naît l’être humain, le substrat de son existence et la condition de sa survie. La Terre précède l’Homme (de plusieurs milliards d’années!) et lui survivra sans doute. L’Homme appartient à la Terre, beaucoup plus que l’inverse. Et faire de l’Homme le centre ou le maître de la Terre, tout comme son propriétaire, équivaut à faire de l’humain l’égal ou le maître de Dieu.
C’est un peu ce que je retire de cette journée passée à remettre les choses habituelles dans leur juste perspective cosmique. En ce sens, à travers une foule de sujets bien concrets (dont les 4 « bombes » de la crise écologique actuelle : l’explosion démographique, les multiples formes de pollution, la surconsommation galopante et les inégalités scandaleuses entre les peuples et les humains), c’est à une réflexion profondément spirituelle que nous conviait André Beauchamp, appuyée à la fois sur les textes bibliques et les recherches théologiques : qu’est-ce que l’Homme, sa vie et sa destinée? Une histoire de Souffle, d’amour et d’appartenance…
André nous a, entre autres, invité à revisiter la fameuse injonction de la Genèse (« Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. » Gen, 1, 28) pour y voir davantage une invitation à la bénédiction qu’à l’exploitation. À la suite du théologien Moltman, il voit l’être humain comme celui qui « exprime la parole silencieuse du cosmos », qui est chargé de « porter le chant du monde vers Dieu », de « retourner la création vers son Créateur ».
C’est là une vision de la Terre et de l’environnement qui nous rend encore davantage responsables de la création, qui nous motive encore davantage à relever les défis urgents auxquels nous sommes collectivement et planétairement confrontés : non plus pour notre seule survie, mais pour accueillir la Vie comme le cadeau gratuit qu’elle est et en rendre grâces à la mesure de cette gratuité de l’Amour.
Dominique Boisvert
(Compte-rendu rédigé pour le Réseau Culture et Foi le 19 juin 2010)
en hommage à Michel Chartrand
à qui nous devons de reprendre le flambeau