Le 30 avril dernier, avec ma compagne, j’ai vu Le vieil âge et l’espérance du cinéaste québécois Fernand Dansereau. J’ai d’abord écrit une courte lettre aux médias envoyée le 1er mai («Un petit bijou pour réfléchir»).
Quelques jours plus tard, j’ai rédigé un second texte, un peu plus substantiel, destiné au Carnet des simplicitaires du Réseau québécois pour la simplicité volontaire («Ramenés à l’essentiel»). Vous les trouverez ici l’un et l’autre dans l’ordre.
Un petit bijou pour réfléchir
Le documentaire ne fait pas courir les foules. Le grand âge, non plus. Et même si l’espérance serait plus utile que jamais, en cette période de profonds changements, ce n’est pas vraiment des gens en fin de vie qu’on l’attend.
Alors pourquoi aller voir, tant qu’il est possible au cinéma, Le vieil âge et l’espérance, réalisé par un Fernand Dansereau de 91 ans? Parce que c’est un bijou trop rare dans la cacophonie du monde, qui rappelle l’essentiel qu’on n’a plus le temps d’entendre : pourquoi et pour quoi vivre, surtout quand l’usure et les ans ont remplacé les réalisations et que le passé ne laisse plus que bien peu de pages à l’à-venir.
Des témoins, connus ou anonymes, des gens qui accompagnent les gens âgés, des expériences pertinentes diversifiées, des moments de respiration pour accueillir ces questionnements ou ces inspirations : la recette est simple et ne révolutionnera pas le cinéma. Mais ce n’était pas ce qu’on attendait d’un documentariste aussi vivant jusqu’au bout, mais plutôt le partage d’un questionnement qu’il a généreusement colligé pour nous.
Car où ces octogénaires trouvent-ils le sens de ce qui reste de leur vie? Comment vivre les bobos, les deuils et les pertes qui se succèdent? Comment accepter les dépendances et y trouver quand même du bonheur? Croyants, athées, spirituels ou cyniques, les parcours sont innombrables, et aucun ne garantit la réponse qui se dérobe parfois là où on l’attendait. Tout le contraire d’un mode d’emploi; mais une exploration précieuse pour qui veut bien en profiter.
Lancé dans trois salles pour une semaine à Montréal, Québec et Sherbrooke, le 26 avril, sa diffusion s’y poursuivra aussi dans au moins sept nouvelles salles (Joliette, Drummondville, Trois-Rivières, Shawinigan, St-Georges, Ste-Adèle et Loretteville) à partir du 3 mai.
Merci Fernand Dansereau!
Dominique Boisvert, le 1er mai 2019
Ramenés à l’essentiel
Au milieu des inondations printanières, des changements climatiques ou de la crise tragique de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), peut-on se permettre de réfléchir à pourquoi on vit? Après tout, nos vies sont tellement multiples, agitées, complexes et le plus souvent entraînées par le tourbillon incessant…
La fin de vie est souvent une occasion de se poser des questions longtemps repoussées. Et le dernier film, Le vieil âge et l’espérance, du documentariste québécois de 91 ans, Fernand Dansereau, présenté depuis la fin d’avril 2019, nous ramène à l’essentiel.
Quand le vieillissement accumule, peu à peu, sa cohorte de bobos, de pertes, de handicaps ou de deuils, la vie nous oblige à la regarder sous un nouveau jour. Nos réalisations, nos projets ou même notre image font davantage partie du passé; à quoi va-t-on désormais occuper le temps qui nous reste, qui est compté?
Fernand Dansereau, qui s’était déjà penché sur Le vieil âge et le rire (2012), puis sur L’érotisme et le vieil âge (2017), tourne une dernière fois sa caméra sur la quête de sens de ses contemporains en fin de vie : amis du milieu du cinéma, témoins anonymes de résidences de personnes âgées, spécialistes et praticiens de l’accompagnement de la vieillesse, la variété et la richesse complexes des expériences brossent un tableau nuancé en réponse à ses questions de départ.
On se rend compte que chaque parcours individuel est unique, et que les dimensions religieuse, spirituelle, philosophique ou athée de chacun n’apporte pas toujours les réponses qu’il en attendait. Même si on y retrouve souvent une sorte de fil conducteur (sérénité, présence à soi et au présent, méditation, acceptation ou lâcher prise) qui peut prendre les formes les plus diverses.
Où trouve-t-on l’espérance ou le sens pour affronter cette nouvelle et dernière étape de nos vies? Comment vieillir vivant jusqu’à la fin, plutôt que de s’étioler ou d’attendre patiemment l’inéluctable? Peut-on continuer d’y trouver du bonheur ailleurs et autrement que par le passé?
Les témoignages diversifiés et inspirants nous obligent à faire notre propre réflexion : que nous soyons optimistes, cyniques ou croyants, matérialistes ou spirituels, que nous vivions en couple ou désormais séparés de nos compagnons ou compagnes de vie, nous devons affronter, seuls ou avec d’autres, les derniers sentiers inconnus du grand âge.
Les participants du film, généreux de leur temps et de leur intimité, sont assez représentatifs d’un Québec qui s’est profondément transformé depuis un quart de siècle : notre héritage y être encore présent, en même temps que métissé par les valeurs nouvelles qui se sont imposées au fil des décennies. D’où la variété des points de vue.
Ce film ne révolutionne pas la forme cinématographique. Même s’il est fort beau, bien photographié, doux entre autres à travers ses moments de nature et de musique. Mais il nous permet surtout de partager la recherche humaniste et féconde de Fernand Dansereau, filmée à hauteur d’hommes et de femmes à travers ces rencontres inspirantes. À son âge vénérable, laisser ce dernier film à la postérité témoigne on ne peut mieux de cette espérance du titre.
Pour nous qui cherchons à inspirer nos vies de la simplicité volontaire, Le vieil âge et l’espérance est un rappel salutaire qu’il n’est jamais trop tôt pour chercher le sens, déterminer ses priorités et nous concentrer, individuellement, comme couple ou comme famille, sur ce qui nous ramène à l’essentiel… et au bonheur!
Dominique Boisvert, le 4 mai 2019
(Texte écrit pour le Carnet des simplitaires, le blogue du Réseau québécois pour la simplicité volontaire ou RQSV)
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Bonjour Dominique,
Je partage tout à fait ton propos. Et je crois que plus on réfléchit tôt au sens profond de la vie, mieux on est outillé quand arrivent les grands bouleversements inhérents à notre condition humaine. En ce sens, ce film de Fernand Dansereau est un petit chef d’oeuvre d’humanité.
Cécile.