LANCEMENT DE LA «PAUVRETÉ» VOUS RENDRA LIBRES!
Libraire Paulines, 4 mai 2016
- ce lancement chez Paulines a l’avantage (pour l’auteur, et pour ses invités aussi j’espère!) d’être autre chose qu’une formalité: quelques bons mots et des retrouvailles autour d’un verre de vin
- c’est l’occasion d’une vraie prise de parole, suivie d’un véritable échange, entre auteur et invités, habituellement autour du livre qui est lancé
- avec votre permission, je vais même me permettre d’élargir un peu le champ de l’échange à l’ensemble des préoccupations qui nourrissent présentement mon écriture, puisque la plupart d’entre vous me connaissent et suivent parfois mon travail depuis longtemps
- commençons donc par le livre qu’on lance aujourd’hui
- le travail d’écriture (et d’édition) suit parfois des sentiers bien imprévus: ce livre, d’abord écrit pour Déclic en 2006, n’a jamais été publié; c’est mon refus d’écrire 2 livres par année (après l’avoir moi-même proposé!) qui a conduit au livre qu’on lance aujourd’hui!
- et même les grosses maisons d’édition (Bayard/Novalis) se permettent parfois de jolis lapsus: ce livre s’appelait, dans les papiers accompagnant le contrat d’édition, «La pauvreté vous rendra ivres!» Comme vous voyez, ça ne prend pas beaucoup de lettres de différence pour prendre le champ! Comme me disait Martine, ma coiffeuse de Scotstown hier matin, «c’est vrai que pour plusieurs, la pauvreté et l’ivresse font bon ménage»…
- plus sérieusement, on est passé (de 2006 à 2016) de la simplicité involontaire à la liberté: c’est quand même un saut appréciable; et de la SV comme option, plus ou moins choisie, à un véritable projet pour l’avenir («La pauvreté serait-elle l’avenir du monde?», pour le 40e anniversaire de Possibles et le prochain Forum social mondial à Montréal en août 2016
- commençons par l’os principal: la pauvreté peut-elle être positive, recherchée, choisie? De quelle «pauvreté» parlons-nous? C’est le 2e chapitre du livre: Rahnema et Quand la misère chasse la pauvreté: distinguer dorénavant pauvreté (positif) et misère (négatif)
- pauvreté et richesse: deux réalités multiformes, essentiellement relatives (selon le temps et l’espace) et comparatives (on est tous à la fois le riche ET le pauvre de quelqu’un d’autre!) (chap. 3)
- la pauvreté est une invention moderne (1850) et son vrai sens a survécu dans la modernité sous des appellations multiples, dont la simplicité volontaire (ici au Québec): pour moi, dorénavant, pauvreté et SV sont synonymes
- pauvreté et bonheur/justice/liberté/intérieure (chap. 6 à 9)
- débat sur la propriété et sur l’intendance (et le coopératisme comme forme d’intendance) (chap. 10)
- c’est possible aujourd’hui au Québec (chap. 11 que je vous laisse le plaisir de découvrir, y compris de décider, après coup, si c’était pertinent ou prétentieux de l’inclure)
- et cela change-t-il quelque chose d’être chrétien dans tout cela (chap. 12 sur lequel j’aimerais vous partager une sympathique anecdote: le courriel d’un certain M. François Martel, reçu dimanche le 1er mai:
les incontournables Mongeau, Gariepy et alia). Les resultats furent excellents: j’ai reduit ma consommation d’electricite des 2/3, je me suis debarasse de mon air conditionne central, je n’ai pas remplace mon lave-vaisselle, je mange bio d’un fermier local, je ne mange presque plus de viande… il m’arrive meme de maintenant faire mes courses au village d’a cote en bicyclette meme a 8o degre. Sans oublier les nombreux camions de l’armee du salut qui depuis 2 ans m’aident a vider ma maison (qui en avait bien besoin). Au final: j’adore ! Se simplifier la vie est du pur plaisir. Cette semaine j’ai lu votre livre et voici mes commentaires a son sujet. Ce que j’ai aime – le ton personnel – excellente reflexion – plein d’idees extrememnt fondamentales: misere vs pauvrete, reference a Rahmena sur le developpement, l’idee superbe de « intendance » – vous avez tres bien fait de parler de votre vie, cela met un cote « realiste » et « sincere » a l’ouvrage, ce qui le rend encore plus credible – c’est un texte court (pas de verbiage « pour remplir » comme en voit trop souvent dans d’autres livres), concis, qui ne fait pas perdre le temps du lecteur – beaucoup de references interessantes pour lectures futures Ce que je n’ai pas aime – le chapitre « religieux ». A mon avis: inutile et presque hors sujet. En fait, il va diminuer aux yeux de beaucoup la credibilite du livre. En effet, pour l’immense majorite de la population la religion catholique est une ideologie dogmatique completement deconnectee de la realite actuelle et quiconque y croit encore doit avoir un probleme intellectuel ou psychologique de n’avoir jamais ete en mesure de se debarasser du « brainswashing » qu’a ete (c’est un fait indeniable – toutes les idees connues du brainwashing furent utilisees) l’education religieuse. Je suggere dans une future edition d’enlever ce chapitre puisque de toute facon ceux qui s’interesse encore a ce sujut auront le loisir de lire votre autre livre sur la religion au Quebec. La presence de ce chapitre dans le livre (surtout a la fin) donne l’impression pour quelqu’un qui ne vous connaitra pas que le but du livre est d’utiliser la popularite de la simplicite volontaire pour amener les gens a la religion, et cela risque de vous decridibiliser aux yeux de certains, ou les rebrousser (a tort) de l’idee porteuse de la simplicite. Au total, le livre est un veritable bijou. Un des meilleurs que j’ai lu sur le sujet. J’ai beaucoup apprecie. Merci. Idem pour ce blog que je suis en train de decouvrir! Au plaisir un jour de vous rencontrer dans une activite entre « simplicitaires »
- ce qui m’amène à dire un mot de ce problème, pour moi majeur au Québec, de cette possibilité ou non d’avoir une parole religieuse dans l’espace public: sommes-nous (encore) tellement allergiques au religieux que toute parole qui y est associée (à tort ou à raison) devienne «inaudible» ou, pire, a priori discréditée?
- cela renvoie bien sûr à mon livre précédent (septembre 2015): Québec, tu négliges un trésor! Son accueil me révèle, avec surprise, que nous sommes beaucoup moins libérés de notre «libération» que nous ne le sommes de l’Église dont il fallait se libérer!
- problème qui se double, dans la société québécoise contemporaine, de la sauvegarde ou non de notre patrimoine culturel religieux (tant au niveau immatériel qu’au niveau immobilier): problème de plus en plus urgent, même si vécu différemment, tant dans les grands centres que dans les petits villages
- je n’ai évidemment pas les réponses, mais je porte de plus en plus consciemment, et constamment, ces questions dans ma réflexion et mes écrits
- parlant de ma réflexion et mes écrits (ce à quoi j’essaie de consacrer une bonne partie de mon temps de retraité dans notre joli petit village de Scotstown où vous êtes tous invités: nous avons de plus en plus d’attraits pour les visiteurs, du Sain Café de l’année dernière à la nouvelle piste multifonctionnelle du Marécage des Scots qui ouvre cet été, en même temps que le Parcours de marche au coeur de Mégantic: plus de détails à la pause ou autour du verre de vin pour les intéressés!), voici, en rafale, quelques sujets qui retiennent particulièrement mon attention ces mois-ci
- d’abord l’aide médicale à mourir (projet de loi C-14 au Fédéral, qui doit être adopté d’ici le 6 juin 2016; et projet de loi 52 du Québec qui est entré en vigueur en décembre dernier)
- sur ce sujet fondamental, ma position n’a cessé d’évoluer, de la position positive du Forum André-Naud comme chrétien à ma position négative comme citoyen, alors que je me penche présentement sur les positions théologique positive de Hans Küng et pastorale positive de Gabriel Ringlet; pour l’instant, je suis particulièrement touché par la position de Ringlet qui met toutefois bien en évidence le caractère incontournable de «transgression» qu’implique toute aide médicale à mourir (Ajout du 9 mai: Le Devoir publiait samedi un des textes les plus clairs et les plus remarquables, de mon point de vue, une entrevue avec Jean Leonetti, médecin et député, père de la loi française sur la fin de vie)
- ensuite notre système de santé qui n’en est pas un, mais qui est essentiellement un système de soins, un système curatif, entièrement dominé par les intérêts corporatifs des médecins et des spécialistes; sans même parler de la réforme —très discutable— imposée par le ministre-médecin Gaétan Barrette, il est évident et inévitable que ce système se dirige tout droit dans un mur, ne fût-ce qu’au niveau financier; quand et comment aurons-nous le courage d’affronter ce monopole médical corporatif?
- que peut-on faire concrètement comme individus contre toutes les injustices et les horreurs des guerres, du terrorisme et de violations massives des droits humains? Comment ne pas se sentir impuissants? Comment ne pas succomber aux solution simplistes que proposent nos gouvernements pour nous rassurer à court terme?
- devant les virages exigeants mais nécessaires (et urgents dans plusieurs cas) que nous devons faire pour l’environnement, entre autres pour l’exploration, l’exploitation et le transport du pétrole, comment favoriser des décisions visionnaires plutôt que des choix électoralistes à court terme?
- comment faire évoluer les gens tout en respectant la réalité d’où ils partent? Apprendre les leçons des réalités régionales, si différentes des sensibilités urbaines et cosmopolites, à tous les niveaux: survie des villages, défis économiques de consommation locale, dimension spirituelle, etc.
- ce sont là quelques thèmes de réflexions qui me servent d’apéritifs ou d’amuse-gueules avant le menu substantiel que représentent mes actuels projets de livres; car j’ai actuellement deux projets principaux sur ma table de travail, l’un depuis près de 6 mois et l’autre beaucoup plus récemment
- le projet qui retient mon attention depuis l’automne dernier a pour titre de travail Nonviolence: une réponse efficace aux défis actuels du monde
- c’est toujours un petit livre (idéalement 100 pages en format de poche) qui chercherait à explorer la nonviolence d’une manière beaucoup plus large que le seul moyen de lutte qu’on peut opposer à l’usage de la violence; mais plutôt comme un paradigme fondamental qui modifie notre rapport au monde, à l’économie et à la politique tout autant qu’au règlement des conflits ou à la manière différente d’exercer un rapport de force
- en ce sens, ce ne serait aucunement un manuel sur l’action non-violente (Écosociété vient d’ailleurs tout juste de publier, en version française, l’ouvrage essentiel de Gene Sharp, La lutte nonviolente, Pratiques pour le 21e siècle), mais un petit outil qui viserait à décoloniser notre imaginaire sur l’efficacité respective de la violence et de la nonviolence et, s’il atteint son objectif, à donner une plus grande place et crédibilité à la nonviolence dans le débat public
- quant au deuxième projet de livre, plus récent, il s’agit d’un projet conjoint avec mon frère Daniel (lui serait le spécialiste du contenu alors que je serais le spécialiste de l’écriture, du contenant), ce serait un petit livre de vulgarisation sur la monnaie, la dette et l’économie, qui se situerait totalement à contre-courant du discours économique dominant et qui remettrait radicalement en question la plupart des affirmations de nos économistes et politiciens quant à la dette et à l’importance de tout faire pour la rembourser (la justification récurrente aussi bien pour le «déficit zéro» de Lucien Bouchard dans les année 95 que pour l’austérité-rigueur du gouvernement Couillard actuellement)
- ce qui me ramène à mon point de départ, le livre que nous lançons ce soir: la «pauvreté», la vie simple, la sobriété peuvent non seulement être heureuses et possibles, mais elles sont de plus en plus urgentes et nécessaires. Non seulement elles nous rendent plus libres, mais elles pourraient même s’avérer très bientôt une condition indispensable de notre survie collective!
- merci beaucoup d’être là; la parole est maintenant à vous
Permalien
Bonjour Dominique…
Félicitations pour ton livre…est-il disponible dans les librairies…bien hâte de le lire…contrairement au commentaire, moi j’aime beaucoup que tu abordes le côté religieux spirituel….merci et je vais dévorer ton livre….
Permalien
Allo Dominique. Je t’envoie dans le prochain courriel, si possible un document word avec mes commentaires sur ton dernier livre: « La pauvreté vous rendra libres » que j’ai lu à la lumière de la toute la considération-intérêt-reconnaissance que je te porte. Michel